Cantonales : la proportionnelle comme réponse aux extrêmes !

Publié le par pa.legoutiere

PA-interieur2-pour-banni-re.jpgDepuis le soir du premier tour de ces élections cantonales, les commentateurs rivalisent d’explications pertinentes expliquant le fort taux d’abstention et la progression relative du Front National. Sans souligner toutefois que l’une est le corollaire de l’autre : le vote protestataire est en effet inversement proportionnel à l’abstention. Les électeurs qui souhaitent manifester leur (très) mauvaise humeur l’expriment par un vote extrême dans les urnes là où les électeurs lassés préfèrent ne pas se déplacer. En tout état de cause, l’ancrage du parti lepéniste dans le paysage politique français n’est plus une simple affaire de leader charismatique.


Il pose d’une part un problème conjoncturel à la droite française, à laquelle s’offrent deux solutions. Ignorer le Front national, quitte à perdre petit à petit nombre de positions locales au profit d’une gauche unie. Ou, à l’inverse, le considérer comme un partenaire potentiel, de façon à l’étouffer en son sein, comme François Mitterrand avait réduit le Parti communiste ou Berlusconi anéanti les néo-mussoliniens de Gianfranco fini. Inexplicablement, depuis vingt ans, aucun responsable de droite n’a envisagé cette piste publiquement. Dans beaucoup d’esprits pourtant, « perdre son âme plutôt que de perdre une élection » est un joli couplet qui ne berce qu’un temps.


le-pen.jpgIl pose d’une part un problème structurel, qui est celui du mode de scrutin uninominal à deux tours. Privant d’élus, et donc « victimisant » le Front national, ce type de consultation inique l’empêche aussi de montrer l’inanité et la vacuité de son discours, pourtant démontrées lors de ses magistères municipaux d’Orange, Toulon ou Marignane. Laisser le Front National exercer des responsabilités peut être l’un des meilleurs moyens de s’en débarrasser. L’introduction massive de la proportionnelle dans les scrutins locaux n’est donc plus une simple question de justice et du respect de la représentation de l’ensemble des électeurs ; c’est aussi un moyen d’assainissement de la chose publique.
Cela d’autant plus que le poids des extrêmes augmentant, les partis traditionnels de gauche et de droite peuvent ainsi être contraints à s’associer ; ce qui révèlerait au grand jour et donc aux électeurs qu’il n’y a le plus souvent pas l’ombre d’une dimension idéologique dans la gestion locale, sinon de vagues habillages de circonstance. Mais il n’y a pas, dans nos villes moyennes, dans nos conseils généraux, de « politiques de gauche » ou de « politiques de droite ». Il y a plus ou moins de talent, ou d’imagination. Il est temps de l’afficher clairement avec que le rouge ou le brun ne viennent ruiner le consensus et la stabilité dont ont besoin nos collectivités…

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