Des primaires : pourquoi pas, pour quoi faire ?

Publié le par pa.legoutiere


Quoi que l'on pense du procédé, les « primaires citoyennes » sont pour l'heure une expérience réussie. Depuis plusieurs semaines, le Parti socialiste monopolise les médias et s'est offert des heures entière de télévision sans autre contradiction que celles que se lancent les candidats entre eux. Car, c'est là que le bât blesse, on se demande bien ce que font dans le même parti des candidats à la candidature qui ne partagent pas le même point de vue sur l'école, la fiscalité ou le commerce international. Même si François Mitterrand estimait en substance que « c'est le candidat qui fait le programme », on se demande bien à quoi sert un parti si ce n'est pour se mettre d'accord sur des idées forces. A moins que le Parti socialiste ne serve plus à grand chose, ce sur quoi on est en droit de s'interroger... Pour ceux qui auront pris le temps de les suivre, les débats télévisés auront eu en tout état de cause une valeur d'exercice d'éducation civique en temps réel, un luxe que la démocratie devrait s'offrir plus souvent.


cravate-a-rayures.jpgL'exercice a pourtant ses limites. La première résidant dans la vocation même des partis politiques sous la Ve République : « déposséder » les militants du pouvoir de désigner leur candidat vide un peu de son sens leur engagement politique. Des corrections devront être apportées à l'avenir, malgré les beaux esprits qui se répandent en comparaisons avec la « modernité » des institutions américaines dont ils ignorent tout des travers et des limites. Et dont les vertus incontestables sont propres à un mode de pensée et d'agir largement étranger à notre peuple latin et indiscipliné. Autre bémol,ces primaires bénéficient des atours de la nouveauté. Les média sont largement commenté les prises de position des candidats, et le CSA ne s'est même pas manifesté sur les distorsions quant à la répartition des temps d'antenne. Il est à craindre (ou à espérer) que des règles minimales viennent à encadrer à l'avenir ce type d'opération.
Enfin, sans doute parce qu'elles sont le reflet de leur temps, les primaires accentuent à l'excès la personnalisation de l'élection et la merchandisation de la politique. La cravate « à raies » du plus modeste des prétendants a pris plus de place dans les billets d'humeur que la politique pénale ou la réforme territoriale. L'essai d'une reconstruction de la vie civique reste encore à transformer...

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